Une bagatelle.

Je dis souvent que j’ai de la misère à écrire, mais ce n’est pas vraiment vrai.
C’est contextuellement vrai.
Et comme tout contexte, si on le change, la réalité change.

De ces temps-si, quand je dis : J’ai de la misère à écrire, c’est parce que lorsqu’on écrit, on doit écrire pour quelqu’un ou quelque chose. C’est aussi que, les seules occasions où je me suis donné d’écrire, c’était pour quémander des subsistances pour faire de l’art, et de la peinture en particulier. En écrivant à l’instant ces mots, je comprends comment cette naïveté d’expression c’est pété les jambes, le cou et les poignets à essayer d’être là où plus personnes n’essaye de vivre.

Parce que voilà, je pense que j’écris bien, en sommes.
Mais qu’est-ce que ça serait, bien écrire? Bien dire? Ou arriver à être bien lu?
Que se passe-t-il donc alors avec le reste de l’écriture; la lecture?
Et ce lecteur, qu’en est-il également?
J’aimerais imaginer qu’il est plus important de se poser la question du lecteur que de l’écriture.

Sans doute, peu de vous comprendront le nuage de haine et de mépris duquel je m’extrais en écrivant ces mots qui me font réaliser que j’en suis là, à saisir que c’est le moment d’écrire pour me voir entendre lire. Comment en vouloir autant à tous ces gens, c’est inhumain.
Pauvre Petit Québec, toi qui respect tant la langue.
Je n’avais pas compris que tu étais aveugle à ce point.
C’est un horrible contexte d’être par là, dans cette nécropole, avec autant de talent.

Peut-être êtes-vous amateur de dessert et peut-être avec vous déjà mirer votre regard sur une bagatelle. C’est tout qu’un spectacle. Surtout celle qui provient d’un gâteau aux fraises et/ou framboise et/ou canneberge. ( qui fait des gâteaux aux cannes berges, beurk ) À Québec, dans le petit bastion de papier qu’est sa scène artistique, c’est comme si les gens voyaient au travers d’une drôle de paire de lunettes devant laquelle on installait deux grosses louches de bagatelle. Mais une bagatelle avec beaucoup de gélatine. Du fait que, un moment, la lumière passe tout de même au travers. Parfois même, quand on se laisse s’enivrer des phosphènes et miroitements biologiques de notre vision animale, on y retrouve les souvenirs pleurés de notre passé perdu. C’est sans doute une adaptation cruciale du vécu visuel et environnemental. Comme si l’hiver avait percé leur cornée par l’abrasion du sel et du désespoir identitaire afin de s’y engouffrer comme la porte entrouverte, oublié un jour de tempête.

Les yeux plein d’gâteux.

Ensemble, en petite troupe d’aveugles bagatellisés, ils construisent leur petit habitat culturel à partir de matériaux de premier secours qu’il trouve autour d’eux. Malheureusement, il n’y a que des pétales de cœur fanés tout le long du chemin de brique jaune.

C’est un sacré spectacle.

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